"Ca sert à quoi d'écrire?"
Un ami ce matin, dans un demi sourire,
Me dit très simplement: "Te sert à quoi d'écrire?"
Tu mets de simples mots souvent sur un papier,
Les recopies parfois dans un petit cahier.
Bon pour une chanson avec sa mélodie
Qui lorsqu'elle est gravée égayera la vie!
Moi, cordialement, souriant à mon tour,
Répondis gentiment, avec mes mots, toujours.
"Même s'il n'y a pas sur mes vers quelques notes,
Lorsque je les relis, un petit air les porte.
En leur prêtant, peut-être, un jour des attentions
Quelqu'un les posera dessus des partitions.
Il se pourrait qu'alors, comme pour Marceline*,
Sur rythmes de violons, guitare ou mandoline,
L'artiste donnera mes vers en audition
Quand il aura pour eux fait sa composition.
Ils voleront alors sur une longueur d'onde
Retransmis au public et partout à la ronde
Tel "Le temps des cerises", tel "Le déserteur"
Ou "Le petit cheval", repris par des chanteurs..."
Je me mis à rêver et qui me lit s'étonne.
Depuis j'ai essayé. Qu'un poème on fredonne
Il arrive à pouvoir vous donner un frisson,
Un peu plus d'émotion: il sait être chanson.
Poésie composée en été 2003.
*
Marceline Desbordes-Valmore (1786- 1859). Son poème "Les séparés" écrit
en 1830 fut repris dans les années 1990 par Julien Clerc.
Un
ami s'étonnait de me voir sans cesse écrire de la poésie classique.
Oui, bon, je lui avais répondu un peu plus simplement. Mais c'est comme
ça, tout de même, que cette poésie est née.
"Le temps des cerises"
fut écrit par J. B. Clément en 1866. Il céda ses paroles contre une
pelisse, un jour de grand froid, à son ami Antoine Renard, ancien
chanteur à l'opéra de Paris. Ce dernier les mit en musique. En rentrant
à Londres où il s'était exilé à la suite de La Commune par les
Versaillais, Clément constata le succès de sa chanson.
On connait la reprise si populaire chantée par Nana Mouskouri.
"La complainte du petit cheval blanc", poésie écrite par Paul Fort, élu pince des poètes en 1912, deviendra une célèbre chanson interprétée par Georges Brassens.
"Le déserteur", poème
écrit par Boris Vian (1920-1959), a été mis en musique par Harold Berg
en 1954. Il fut chanté par Serge Reggiani, Mouloudji, par Richard
Anthony, Claude Vinci et encore par Les Sunlights vers 1968.